TECHNOLOGIE INDUSTRIELLE. GRANDES DATES
Les visiteurs pressés peuvent consulter seulement la chronologie et le schéma de fabrication du sucre.
Le sucre produit jusque vers 1856, nécessitait le transport vers les raffineries en tonneaux de cassonade ou en pains. Les raffineries ensuite ne serviront plus que pour les sucres spéciaux, (poudre, glace, morceaux etc.). Apparition du sucre en morceaux en 1854 Les pains de sucre dureront au moins jusque 1856 puis progressivement ne seront plus fabriqués que pour l’A. F. N. Les sucreries produisaient du sucre cristallisé blanc. |
Travail des sous-produits : |
ESSAI DE RESUME DE L’EVOLUTION DES TECHNIQUES
D’EXTRACTION DU SUCRE DE BETTERAVES
L’histoire de l’industrie sucrière en France est difficile à résumer, du début du XIXe siècle à nos jours. Dérivée au début de l’extraction du sucre de la canne, connue depuis longtemps, elle a été compliquée par rapport à la canne, par la présence, pour la betterave, d’impuretés, de couleur, d’odeur et de goût désagréables. C’est une multitude de progrès successifs de détails avec quelques grandes inventions comme l’introduction des machines à vapeur puis la récupération de celle-ci, la diffusion, la double carbonatation, le triple effet, la centrifugation. Au fil des ans, on a amélioré les chaudières, les circuits de distribution, la récupération des eaux, réglé les problèmes de robinetterie ou de vannes… |
Chaque évolution, nécessitant des investissements financiers nouveaux, voyait se poursuivre des techniques anciennes dans de petites unités durant encore plusieurs années. La richesse en sucre des betteraves est connue depuis Olivier de Serres au début du XVIIe siècle. Mais il fallut attendre le XVIIIe pour en trouver l’intérêt pratique. |
La technique d’extraction est théoriquement simple : obtenir un jus de betterave, nauséabond et inconsommable, puis le purifier, le concentrer, le cristalliser et le sécher. Elle est à peu près inchangée depuis 1880 à part les concentrations d’usines et l’augmentation de la taille des machines.
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Pour enlever les impuretés, on ajoute du lait de chaux (chaux éteinte) au jus de diffusion, (c’est le chaulage ou la défécation) puis on fait passer du gaz carbonique (la carbonatation) et on a la formation d’un précipité. Aprés la 2éme carbonatation on filtre sur des toiles ou des poches en toile, pour éliminer les boues très fines formées en carbonatation et afin d'obtenir un jus sucré parfaitement clair (c'est un process mécanique). Ensuite, (avant évaporation) on passe sur des résines échangeuses, pour retenir les ions calcium (c'est un procédé chimique), ce qui évitera les dépots calcaires sur les tubes des évaporateurs et le " trouble " dans les sucres de qualité . La moindre fuite en filtration - toiles ou poches percées - entraîne le blocage des résines et l'arrêt de la tête d'usine, en amont de l'évaporation. A ce niveau de process le jus contient 13% de sucre. Puis on passe à l’évaporation qui donne une teneur de 65 % de sucre. (Evaporation-cristallisation) En obtient la cristallisation dans des cuites sous vide (chauffées à 80°maximum pour éviter la caramélisation) et on pratique trois cuissons successives. Les premiers cristaux apparaissent que l’on peut accélérer par le « grainage » avec du sucre glace. Le résultat passe en bacs de malaxage où les cristaux refroidissent et grossissent. Par essorage en turbines, « on les trie ». Le sucre blanc libéré est lavé rapidement par pulvérisation d’eau et de vapeur, c’est le clairçage. Le sucre cristallisé obtenu et ensaché ou mis en morceaux dans des moules passés en étuve. (Nous ne traiterons pas de l’utilisation des résidus). |
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Par quelles recherches, découvertes, perfectionnements, en est-on arrivé là ? |
Un autre allemand, Achard, reprit ces travaux pour les appliquer industriellement et fonda la première fabrique de sucre en 1802. |
1810 : Deyeux et Barruel, toujours en essais artisanaux, obtinrent une moscouade améliorée en partant des betteraves crues, répétant écumages et filtrations et en coagulant l’albumine en faisant bouillir le jus. Cette moscouade fut raffinée par Allard et ce sont les deux premiers pains de sucre présentés à l’Institut en novembre 1810, sucre toujours impur, et offerts à Napoléon par Mgr de Montalivet. ![]() |
C’est également en 1810 qu’est apparu l’utilisation du noir animal (os calcinés et broyés) pour blanchir le sucre avec Figuier et Derosne. (Utilisation poursuivie jusque vers 1884, remplacée par un filtrage sur des tissus de coton pour éclaircir le jus, avant l’utilisation actuelle des résines synthétiques). |
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En 1811, Derosne introduit un excès de chaux et le sature avec de l’acide sulfurique (à partir d’alun) et du sang de bœuf (là aussi certaines usines s’en serviront jusqu’en 1885) pour coaguler les impuretés. Il présente à son tour ce sucre à la Société d’Encouragement. Durant ce temps, Benjamin Delessert avait fondé en 1801 une raffinerie à Passy et tenté lui aussi (surtout à partir de 1807) d’obtenir du sucre de betterave. (Il y installa une machine à vapeur). |
Il utilisa le procédé de son employé Bonmartin de sulfurisation après le lait de chaux, le blanchiment par terrage. Aidé par son autre employé JB. Queruel qui trouva l’idée de raffiner en dissolvant à 30° dans des chaudières chauffées à la vapeur et en ajoutant ensuite le noir animal de Figuier avant collage et clarification. Ils obtinrent au bout de quatre années d’essais des pains revenant à six sous la livre dont ils présentèrent les deux premiers à Napoléon début janvier 1812. (L’un fut offert à Napoléon, l’autre au sénateur Chaptal, un des deux existe toujours). Ce sucre avait malgré tout toujours une certaine amertume que supportaient les Allemands…mais pas les Français. |
L'introduction de la diffusion Arrive la timide reprise autour des années 1820. La technique est à peu près codifiée jusqu’à l’apparition de la diffusion à partir de 1864. Les betteraves sont raclées, les petites racines coupées, puis lavées dans un cylindre horizontal en bois incliné et rempli d’eau, tourné à la main ( 10-15 tours-minute). Elles sont ensuite râpées avec la force animale, un manège entraîné par des bœufs ou des chevaux. On se sert de la râpe Pichon puis Thierry, des tambours tournant à 600-800 tours-minute. Un homme presse les rabots sur les betteraves qui sont jetées une à une par deux enfants. Cette râpure est ensuite pressée (sur la toile sans fin d’une presse à cylindre), là aussi mues à la main ou par le manège. (On expliquait à cette époque qu’utiliser des bœufs ou des vaches pour actionner laveur, râpes, presses, pompes, tire sacs etc., augmentait la masse musculaire des animaux, donnait davantage de lait et, étant nourris avec la pulpe de betterave, cette opération était «blanche». 24 animaux permettaient un manège de six bêtes travaillant six heures et suffisants pour une usine traitant 5000 t de betteraves par campagne). Ensuite, le jus obtenu est clarifié à l’acide sulfurique et à la chaux puis filtré et recueilli dans des «bâtardes». (Plus tard on donnera ce nom aux réservoirs plats après la cuite et avant le turbinage.) Dans ces bâtardes ou amplis, le jus est concentré à l’air libre dans des plateaux chauffés à 25-30° et s’évapore en plusieurs semaines. |
On surveille l’apparition des premiers cristaux et on remue la pâte en permanence. |
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L'énergie |
Le coke, alimentant les fours avec la craie pour obtenir la chaux vive, s’est développé entre 1830 et 1860 avec le développement de l’industrie sidérurgique. Par ailleurs, les usines s’éclairant avec leur propre usine à gaz, produisaient une partie du coke. |
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A partir de 1830, la généralisation des machines à vapeur (générateurs) commença à se faire. Les fabriques, de verticales «en escalier», devinrent horizontales. |
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Les opérations successives sont donc à cette époque : 1° Râpage et presses (désormais des presses hydrauliques) ou découpage et macération 2° Première clarification ou défécation, au lait de chaux à 2 ou 3 %, chauffé à moins de 100°. (L’adjonction d’acide sulfurique en fin de défécation pour saturer chaux et potassium est en cours d’abandon). 3° Première filtration dans un filtre à noir en grains et non plus en poudre. 4° Première évaporation dans des chaudières à large surface plus ou moins sous vide 5° Deuxième clarification dans des chaudières plus profondes avec 1 % de sang de bœuf. (C’est le début de l’abandon de ce sang de bœuf). Ou bien 3 filtrages après évaporation rapide et ajout de noir (filtres Dumont). 6° Deuxième filtration dans le premier cas. 7° Deuxième évaporation ou cuite, plus courte depuis l’abandon des feux nus, soit dans des chaudières à bascule, soit dans l’appareil de Taylor avec vapeur à haute pression, soit dans les appareils Howard, Roth et Bayvet, Degrand, Martin et Champonnois, Breme et Chevallier. 8° La cristallisation se fait dans des pièces à température douce appelées emplis (ancien nom ayant changé d’affectation !) et contenant rafraîchissoirs et cristallisoirs. On pratiquait soit la cristallisation en masse, soit la cristallisation lente. |
La cristallisation lente : Ou procédé de Crespel-Dellisse, qui commence à être abandonné pour la cristallisation en masse. Le sirop descendu à 55° est porté à l’étuve chauffée par le bas pour maintenir cette température en cassant tous les jours la croûte de surface pour faciliter l’élaboration.Il est ensuite porté dans la chambre à égoutter sur des trémies ; le sucre solide recueilli, est pressé dans des sacs puis repressé 12 heures. Il passe ensuite dans des presses à cylindres quatre ou cinq fois. Le sucre retiré est livrable directement au commerce ou à la raffinerie. La cristallisation confuse en masse : Dans des pièces à températures douces appelées emplis ou amplis, le jus est déversé dans les rafraîchissoirs. La cristallisation commence quand la température descend à 50-55°. On agite avec une spatule, en raclant les bords puis on verse dans les cristallisoirs de formes diverses, mais en général des formes coniques en terre cuite ; un linge bouche l’ouverture à la pointe, que l’on retire lorsque la cristallisation est complète pour laisser s’écouler le sucre non cristallisé dans des pots et que l’on pourra recuire. 9° : Egouttage : pour les sucres issus de la cristallisation lente 10° : Clairçage : surtout pour les sucres de troisième cristallisation trop colorés ou trop visqueux, traitement par aspersion d’eau puis passage à la presse à cylindre puis à la presse à vis. |
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Dans cette période 1835-1850, on estimait obtenir 5 kilos de sucre pour 100 kilos de betteraves, soit 25 tonnes de sucre pour 500 tonnes de betteraves, dont 18 tonnes de sucre de belle qualité à 1,50 francs et 7 tonnes de sucre de second jet à 1 franc et 125 tonnes de pulpe à 16 F la tonne. En 1848 ont été produit en France 20 000 t de sucre brut, soit 1/5 de la consommation française qui était de 17 000 t en 1815. En 1849 se sont créées 50 nouvelles usines, passant la production à 30 000 tonnes. |
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Vers 1856, on a pris définitivement conscience que la chaux utilisée seule faisait perdre la propriété de cristalliser du sucre de betteraves et que l’ajout d’acide sulfurique à la clarification noircissait le sucre et là aussi le rendait incristallisable. Peu de fabriques utilisant la macération, la plupart restaient «classiques ». Dans la période 1855-1880, on obtenait enfin du sucre blanc en huit jours sans plus besoin de raffineries de la manière suivante : 1° le transport des betteraves au laveur-épierreur se faisait toujours à la brouette et le lavage dans des tambours tournants. Après égouttage, on passait à la bascule de la régie 2° le râpage se faisait aussi dans des tambours tournants, armés de lames en dents de scie et cette râpure passait à 3° la presse hydraulique après avoir été mise en sacs, extrayant le jus (sacs de laine au début). Le solde laissant la pulpe destinée à la nourriture animale. 4° on ajoutait à celui-ci de un à trois centièmes de chaux hydratée séparant les débris végétaux, les acides, les gommes, la graisse mais aussi le sucre en saccharate de chaux. Ceci se faisait dans des chaudières hémisphériques, les impuretés se concentrant à la surface et au fond et on soutirait la partie claire intermédiaire. Les impuretés étaient mises en sacs passés à la presse ou à la carbonatation suivie de filtre- presse 5° à partir d’un foyer de charbon, on faisait passer un courant d’acide carbonique avec un soufflet dans la masse liquide à 70-75°, qui précipitait l’excès de chaux et remuée à la pelle, le tout donnant un jus brun. Cette carbonatation était répétée deux fois. 6° après être tombé ans des bacs malaxeurs où la chaux finissait de se dissoudre, les jus épurés étaient filtrés à travers du noir animal ou du charbon d’os, le sirop étant en partie décoloré. 7° on passait ensuite à l’évaporation, pour passer la concentration des sirops de 10 - 12% à 45 - 50%. La vapeur des machines centrales récupérée chauffait le jus dans trois chaudières successives. (Certaines unités anciennes utilisaient encore des chaudières à feux nus). Jus chauffé le plus bas possible et sous vide partiel. (1830 : appareil Rilleux à effets multiples. Chaudières à double fond communiquant avec un condenseur et une pompe à vide.) La première commençait à évaporer, la deuxième continuant la concentration et la troisième cuisant le sirop, accéléré par une machine à faire le vide. (Le «triple effet»). 8° la cuite «au filet» (un ouvrier appréciant la «condensation» en étirant un peu de sirop entre le pouce et l’index. (On poussait l’évaporation à chaud jusqu’à une solution sursaturée sans chercher à faire cristalliser la masse) Elle ne servira plus que pour les bas produits. |
Les sirops vierges passent à la «cuite en grains». Le sirop extrait par rentrée de l’air, passait dans un vase à double fond chauffé par la vapeur. |
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Puis, après la courte période de la « macération » peu répandue, vint la diffusion découverte en 1864 et généralisée dans les années 1880. Si la chaîne de fabrication gardait en gros les mêmes principes, les râpes étaient remplacées avant le passage à la diffusion par des coupe-racines (à disque tournant ou à tambour tournant avec plusieurs types de couteaux) découpant les betteraves en lamelles, les « cossettes » et quand à la diffusion elle-même, elle remplaçait les presses. Son principal intérêt, outre un gain de temps et de personnel, a été d’extraire davantage de sucre de la betterave en «éclatant» les cellules végétales. Le phénomène d’osmose entre les lamelles de betteraves et de l’eau chaude circulant à contre-courant, se faisait dans des diffusions à vases, inventées en 1864 par Robert en Allemagne, revenues en France en 1876 et donc généralisées vers 1880. Il s’agissait de cylindres verticaux, fermés dans le bas par une large porte doublée de tôle perforée et en haut par une porte plus petite. Chaque diffuseur étant flanqué d’un cylindre parallèle de diamètre plus petit à travers lequel passe le jus en allant d’un diffuseur à l’eau autre, un serpentin à vapeur chauffant le liquide : c’est le caloriseur, (à tubulures ou injecteurs, plus tard à serpentins avec thermomètres Thalpotessimètres ou à mercure). L’ensemble de la diffusion était constitué par sept puis 14 éléments, avec passage du jus de l’un à l’autre. La marche du jus pouvait être commandée par des soupapes. Le diffuseur de tète reçoit les cossettes, le diffuseur de queue, l’eau. Ils peuvent changer de rang, s’ouvrir et se fermer facilement, communiquer par les calorisateurs, le jus entrant par la partie supérieure puis de sa partie inférieure gagne la partie supérieure du suivant par le calorisateur. Pour le premier, on fait entrer le jus par le bas pour chasser l’air (maichage). Les batteries peuvent être en ligne, circulaires fixes, tournantes, mixtes, parfois divisées en deux sous-batteries en alternance et avec des robinets à trois voies, y étaient adjoints des bacs jaugeurs pour mesurer ou échantillonner le jus. |
Progressivement, elles fonctionneront à l’air comprimé, le soutirage se fera dans le même sens que le maichage, elles pourront fonctionner à l’eau sale. Seront inventés les procédés Garez avec réchauffeur, le procédé Neudot pour égaliser les températures, le procédé Pfeiffer.
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La diffusion continue horizontale supprimant ces fastidieuses manipulations, a été utlisée en France pour la première fois en 1879 (Charles et Perret à la sucrerie St Gilles de Roye, indication de Bertrand Fournier de l’Inventaire Régional). Unique appareil horizontal beaucoup plus pratique, économisant une importante main d’œuvre et agrandissable en dimensions et capacités dans les années suivantes. Mais ce système curieusement ne s’est pas étendu. La législation fiscale favorisait plutôt la quantité de betteraves traitées que la quantité de sucre extraite de ces betteraves. |
En raison des guerres puis pour des raisons d’habitude ou de manque de moyens, la diffusion à vases sera encore utilisée en France dans les vieilles sucreries jusque dans les années 1970. C’est à partie de 1945 qu’elle se généralisera. ________________________________ A la fin du XIX°, Druelle a inventé la cristallisation en mouvement, sans cuite et un refroidissement simple suivi de filtration, procédé non généralisé. D’autres utilisaient le procédé Steffen, une pression à chaud en presses continues puis la macération. Pour la cristallisation, existaient aussi le procédé Dufay, la cristallisation en mouvement de Brunehant-Viéville, etc. |
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L’accord international de la Convention de Bruxelles de 1902-1903, supprimant les primes à l’exportation et abaissant les taxes douanières sur les sucres étrangers et le sucre de canne, va entraîner une chute de production française et l’on dira que le sucre de betteraves produit en France ne concernera plus que les métropolitains. |
Extraction du jus : |
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Epuration et filtration des sirops : |
Cuite simplifiée :
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Turbinage : Les tambours perforés sont désormais à grand diamètre et tournent lentement, mûs par un moteur électrique. On obtient du sucre roux plus un égout pauvre mais plus riche en sucre que l’égout-mère. Pour obtenir du sucre blanc, c’est le clairçage qui élimine l’égout resté collé aux cristaux. Clairçage : Ont projette un peu d’eau, voire ensuite un peu de vapeur ou un peu de sirop en amorce et en y ajoutant parfois un peu de bleu d’outre-mer (couleur complémentaire du jaune du sucre). Plusieurs méthodes sont utilisées en ce début de siècle : - Clairçage à la vapeur directe, sèche ou surchauffée dans un panier - Clairçage à l’eau froide projetée avec une casserole ou pulvérisée - Clairçage avec des solutions sucrées - Clairçage russe par jet de vapeur entre le manteau et le panier, qui donne aussi bien du sucre roux que blanc et recommandé pour le turbinage des bas produits (Les égouts pendant le clairçage sont des égouts riches, plus dilués et plus purs que les pauvres. On les sépare par de diverses manières pour les réintroduire dans la cuite). |
Le sucre est extrait de la turbine par le haut ou par le fond. Enfin on peut procéder à un mélange intime, soit par refroidissement, soit directement en faisant tomber sur une plaque tournante horizontale. Le clairçage terminé, le sucre est transporté dans le magasin sucre (transporteur Kleiss, transporteurs horizontaux à hélices, verticaux à godets, obliques avec des poches de toile, horizontaux à courroie ou des wagonnets sur rails. Si le clairçage final a été fait à la vapeur sèche, le sucre est mis en sacs après les opérations décrites plus bas. S’il arrive encore chaud au magasin, il est refroidi en petits tas. Toutes les sucreries obtenaient du sucre cristallisé blanc de plusieurs qualités selon leur raffinage, prêt à la consommation ou à la vente aux raffineries pour obtenir du sucre en morceaux ou du sucre en poudre. Ce sucre «granulé» après le clairçage était passé par un granulateur avant le tamisage, qui le séchait et donnait du brillant aux cristaux. Cylindre légèrement incliné en rotation et recevant un jet de vapeur. Des palettes font tomber le sucre en pluie. Un ventilateur envoie un courant d’air qui emmène humidité et poussières. Enfin la bluterie classait le sucre par taille de cristaux. |
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En plus de la production de sucre, certaines sucreries se sont adjointes une distillerie, dont le fonctionnement n’a pas été permanent dans le temps, au gré des législations et des besoins. |
-farine mélassée : la mélasse est additionnée de 2 à 3 % de suif, évaporée dans un appareil à cuire puis moulue
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A la fin de la Grande Guerre, le bilan des sucreries du nord de la France était désastreux. La reconstruction s’est faite à partir de 1920, profitant des dommages de guerre pour supprimer de petites et moyennes unités et édifier des sucreries plus importantes et modernes grâce à ces regroupements. Certaines sucreries survivantes sont transformées en râperies annexes de ces sucreries centrales. La mécanisation débute avec le rachat des camions militaires des surplus en remplaçant progressivement les chariots ainsi que la généralisation des voies étroites Decauville provenant là aussi des surplus de l’armée. Parallèlement l’agriculture commence aussi à se moderniser, profitant des tracteurs et engins chenillés crées durant la guerre. Toutes les sucreries sont pourvues de caniveaux où les betteraves sont poussées vers le laveur-épierreur par les mitrailleuses d’abattage. |
Et la suite des opérations, amélioré en taille des différents appareils reste la suivante : Laveur, coupe-racines, diffusion à vases doublée d’un caloriseur. Chaulage du jus, chaudière à carbonatation. Filtration au filtre mécanique. Barbotage au gaz sulfureux pour décolorer. Filtrage puis concentration par la cuite dans un multiple effet. Durant cette concentration on rajoute les égouts de turbinage. La «masse cuite»coule dans un malaxeur. Turbinage puis on finit par claircer avec un peu d’eau ou de vapeur et parfois du bleu d’outre-mer. La première eau-mère qui s’écoule est un égout pauvre, la deuxième pendant le clairçage est un égout riche rajouté aux sirops. Le sucre granulé obtenu va directement à la consommation ou en général aux raffineries pour faire des sucres en morceaux. Après 1945, la concentration en grandes sucreries aux dépens des petites unités va se poursuivre jusqu’à nos jours. La mécanisation industrielle et agricole va devenir totale. Outre la taille des usines, la capacité des différents appareils de la chaîne va aller en s’amplifiant. Si les différents étapes de cette chaîne restent les mêmes qu’avant guerre, l’innovation principale reste celle de la généralisation de la diffusion continue, horizontale, dite RT. |
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A partir de 1950, les diffusions à vases ont pratiquement disparu. Une des premières modernes, sera par exemple la RT1 pouvant traiter 2200 tonnes de betteraves par jour alors que la RT2 des années 1950 en traitera 3300.
Mais à part la diffusion continue, ce qui marque le plus la période récente et l’amélioration de la culture de la betterave avec des gains énormes en qualité et en production. La qualité de ces betteraves fait que l’épuration des jus est devenue plus simple. |
Les résines échangeuses d’ions rendent inutiles la sulfitation et le bleu d’outre-mer. Rappel : La dénomination RT vient de la Raffinerie de Tirlimont en Belgique, où a été implanté le premier dispositif de ce genre. |
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Système inventé par Jules Linard en 1866 à la sucrerie de Moncornet ( Aisne). Qu’elles aient été conçues pour cet usage ou qu’il s’agisse d’ancienne sucrerie fermée mais transformée en râperie, ces établissements avaient pour but de réduire le transport des betteraves et de gagner du temps et de la place à la sucrerie principale, qui en possédait souvent plusieurs dans ses environs. Le jus de betterave était déjà extrait sur place et l’ordre des opérations était le suivant : - passage à la bascule puis mise en silo des betteraves - lavoir - râpe avant 1880, puis coupe-racines - presses puis après 1880, diffusion - chaulage Le jus obtenu était mis en tonneaux puis transporté à la sucrerie centrale Ou bien refoulé par une pompe dans des conduites, en général enterrées le long des routes, ces conduites posant d’ailleurs des problèmes d’entretien. |
Nous en avons compté 15 dans l’Oise. A leur suite, la sucrerie dont elle dépendait et les dates connues : Abbeville-saint-Lucien : Bresles vers 1900 Antilly : sucrerie devenue râperie en 1911 Chêvreville : Meaux 1899 Crépy en Valois : Vauciennes ? Crouy en Thelle Ermenonville : (Lalouette) Eve : Baron puis Meaux, 1867-1925 ? Froissy : (Mercier) Golancourt : Eppeville, 1899 Guiscard : sucrerie devenue râperie en 1876 Morienval : Pierrefonds Néry : sucerie devenue râperie en 1922. Beaurin Noyer-saint-Martin : Bresle, 1884 Silly-le-Long : Meaux, 1899 Wacquemoulin |
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Elles furent d’abord créées, essentiellement dans les ports de l’Atlantique, pour recevoir et traiter le jus brut de canne à sucre transporté par les navires. Lorsque l’industrie du sucre de betterave commença à se développer en France, des raffineries se créèrent dans l’intérieur du pays. Le sucre extrait, durant une cinquantaine d’années par les fabriques, était un sucre impur, (souvent appelé moscouade), non consommable ni commercialisable, nécessitant un traitement dans des raffineries spécialisées et celles-ci commencèrent à être créés dans l’intérieur du pays. Jusqu’environ 1880, le produit obtenu à la fin du turbinage et des filtres-presses, était un sucre brut ou cassonade, identique au jus de canne des colonies. Pour obtenir du sucre blanc, le processus était le suivant : - la cassonade était délayée avec du sirop et turbinée - on délayait le produit avec un peu d’eau en ajoutant du noir animal et du sang de bœuf - on portait ensuite à ébullition qui séparait le l’écume que l’on « écumait » - ont filtrait dans des filtres de toile - le filtrat passait dans des tonnes de noir animal où il blanchissait - il était ensuite cuit sous vide - puis réchauffé et vidé dans les «formes», la mise en pains - ces pains passaient au clairçage, les extrémités arrondies - ils subissaient un étuvage à 55° durant huit jours - puis transportés dans des magasins chauffés où ils étaient habillés de papier bleu (ce qui se faisait déjà au XVIIe siècle pour le sucre de canne). |
Puis, on l’a vu, dans le dernier tiers du XIXe siècle, les sucreries ont pu produire un sucre granulé (cristallisé), pur et commercialisable directement. Les raffineries n’eurent plus pour rôle que la fabrication des sucres spéciaux. Pour obtenir du sucre en morceaux, entre les deux guerres, il fallait encore raffiner le sucre cristallisé, en plus des sucres roux, résultant du dernier stade de la chaîne. Pour cette distillation finale on procédait ainsi : - le sucre était dissout dans une chaudière à fondre, chauffée par un serpentin, avec un agitateur mécanique et après ajout préalable d’un quart de volume d’eau. - concentré ensuite dans une chaudière à clarifier. - puis filtré dans un filtre de sucreries puis dans un filtre à noir - concentré ensuite dans une cuite de sucrerie - la masse cuite tombait dans une chaudière à réchauffer puis dans des turbines contenant des formes et s’agglomérant en plaquettes En plus du sucre en morceaux, les raffineries produisaient le sucre en poudre, le sucre glace et du sucre candi blanc ou rouge. ______________________________ Dans l’Oise, nous n’avons trouvé que des raffineries de la période «héroïque» avant que ne se créent des raffineries importantes, pour nous en région parisienne, et qu’elles ne disparaissent rapidement : Le Mesnil-saint-Firmin : 1829 Pont l’Evêque : 1824 Villeselve : 1828 |
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Elle n’entrent pas dans le cadre de notre étude mais, outre la distillation des grains et des mélasses, elles produisaient aussi de l’alcool directement à partir des betteraves, ce qui a entraîné une concurrence commerciale sévère avec les sucreries auprès des planteurs. A ce titre, elles ont donc joué le même rôle que les sucreries pures dans la transformation des cultures, de la vie sociale agricole et industrielle et au changement de paysage de notre contrée. Elles ont souvent été plus éphémères que les sucreries. Leur origine a été multiple. - soit ajoutée à une sucrerie classique en complément d’activité. (sucreries-distilleries). Dans l’Oise, nous en avons répertorié 10 plus deux sucreries transformées en distilleries pures . - râperies-distilleries : deux ou trois. - distilleries pures, c’est-à-dire conçues uniquement pour cette activité : 60 plus les deux sucreries transformées. Elles ont souvent été créées à partir d’une activité agricole et ceci beaucoup plus tardivement dans le temps que les sucreries, comme à Warnavillers. Technologies : -dans les années 1850, la méthode Champonnois pour traiter les betteraves faisait passer successivement au coupe-racines, puis dans des cuves et un cuvier, ensuite à l’alambic. |
Dans ces cuves, on procédait à plusieurs macérations, avec un lavage par la «vinasse» résidu de la distillation précédente. On faisait fermenter avec le jus de la précédente fermentation et après un troisième lessivage et un repos, passage à l’alambic. Comme dans les sucreries, on utilisait la mélasse finale. Un auteur de 1856 décrie cette méthode comme «simple, pouvant être utilisée à la ferme». -ensuite, on ajouta de l’acide sulfurique après la vinasse pour accélérer la fermentation. Les levures étaient achetées et le moût fermenté passait dans une colonne de distillation Champonnois à 25 plateaux. Le résultat de la production était un alcool à 50-60° brut et impur, des «flegmes», envoyés à l’extérieur pour rectification (en particulier à la ferme Nazet de Warnavillers), et des résidus, pulpes et vinasse en partie recyclés ou épandus dans les champs. - à partir de 1890, l’essor de la distillation fut favorisé par les maladies successives de la vigne. Après lavage, les betteraves étaient découpées en cossettes qui passaient dans quatre macérateurs en bois en demi-cercle, avec de la vinasse et de l’acide sulfurique. Suivait la fermentation avec des levures dans deux rangées de cuves en tôle. Le moût fermenté était envoyé dans la colonne à distiller à 25 plateaux superposés. - très vite, la diffusion gagna les distilleries. L’ordre des opérations était le suivant : Lavage-cossettes-diffusion avec apport d’acide sulfurique– refroidissement -fermentation par apport de levures - et enfin distillation. |
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